Institutionnalisée depuis la période coloniale, la chefferie traditionnelle est pour le Togo un maillon important à la base de la chaîne administrative. Cette entité est le garant des us et coutumes à travers les chefs coutumiers qui apportent leur soutien au respect du droit coutumier et au règlement de litiges suivant les principes du droit coutumier. Cependant, les péripéties de la démocratisation et de l’installation de l’état de droit (élections, reformes administratives) ont conduit à de profondes fractures sociales dans plusieurs préfectures, péripéties au coeur desquelles se sont retrouvés plusieurs chefs traditionnels altérant ainsi l’image de cette institution perçue à tort ou à raison par les communautés comme étant à la solde du parti au pouvoir ou servant les intérêts électoralistes des politiciens. Les manifestations du non respect du statut de la chefferie traditionnelle se révèlent dans des cas comme : des intronisations ne respectant plus les règles de fonds et de forme des lois et coutumes en vigueur, des d’intronisations politiques, des illégitimités dans la succession au trône, des régences indéterminées, des luttes fratricides autour de la succession au trône, des règlements de litiges partisans et intéressés, etc. Dans le cadre de ses travaux, la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), a recueilli 39 dépositions sur le sujet dont 6 ont été examinées en audiences, et ont conduit à la formulation de la recommandation 27 pour trouver des solutions aux problèmes de chefferie dans le pays. La recommandation 27 de la CVJR relative à la chefferie ne stipule que :<<
− l’intronisation respecte les règles de fonds et formes de lois et coutumes en vigueur
− l’intronisation politique soit proscrite
− les conditions de reconnaissance prévues par la loi ne soient pas détournées au profit de considérations purement politiques
− la reconnaissance du chef corresponde au choix fait par la population conformément aux règles coutumières
− le régent soit désigné conformément aux us et coutumes de la localité selon les dispositions prévues à l’article 19, de la loi 2007-002, en conséquence :
- qu’aucun régent n’assure ses fonctions excédant une période de deux ans
- qu’aucun régent ne puisse succéder au chef défunt dont il a assuré la régence ;
- que tous les régents soient munis de leur décret de reconnaissance.
− Le prétendant à la chefferie désavoué pour indignité et forfaiture par la population, soit pour interférence politique ne soit pas reconnu par les autorités administratives compétentes ;
− Le prétendant ne descendant pas de la famille royale ou n’ayant pas bénéficié du suffrage des populations ne soit pas reconnu par les autorités compétentes ;
− Un comité de réflexion soit mis sur pied pour trouver des solutions au problème de chefferie de notre pays>>
La région des Plateaux et plus précisément les préfectures de l’Ogou et de Wawa connaissent une situation de recul général dans le respect de l’autorité et des prérogatives des chefs traditionnels. L’ampleur du problème est diversement appréciée aussi bien au niveau cantonal que préfectoral mais elle est en forte corrélation avec les évènements qui meublent la vie socioéconomique et politique desdites communautés.